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Elle se mit a rire, et sa poitrine nue sautait, par saccade, de la plus exquise façon. Sirup sentit, à cette vue, une ardeur puissante renaître en lui. Mais à son geste, Mary Racka répondit sans façon :

— Parlons de choses graves. Moi aussi, je suis pauvre. On ne le dirait pas, à voir ici, mais un coquin de banquier m’a fait jouer sur le change, et il a englouti tout ce que je possédais. Heureusement que je t’ai rencontré. Ce soir, nous allons pouvoir faire une belle affaire. Seule, je ne songeais pas réussir, mais avec toi ?

— Qu’est-ce que je ferai ? demanda le jeune homme, avec un rien d’émotion.

— Oh ! rien du tout ! Tu serreras le kiki à une vieille, pendant que je viderai ses tiroirs. Je sais où est l’argent.

— Heu ! interjecta Sirup, qu’une soudaine constriction serrait lui-même à la gorge.

— Oui ! Oui ! C’est à trois cents mètres. À deux heures du matin, ce sera terminé et on s’aimera après… je ne te dis que ça…

Sirup avait faim. Voulant changer de conversation, il demanda :

— En attendant, je prendrais bien un sandwich.

Ce sandwich, dans sa pensée, représentait un appel de petit format, en vue de pantagruélisations plus vastes. La femme le comprit.

— Il est près de midi. Allons déjeuner au restaurant.

Rien ne saurait rendre la terreur dans laquelle le doux Sirup, voleur honoris causa, vécut tout cet après-midi là. Sa nouvelle amie, qui répondait pourtant au nom chaste de Mary, n’en subtilisa pas moins, devant lui, à une dizaine de personnes, des bijoux divers, des montres et des portefeuilles. Son habileté était miraculeuse. Souriante, élégante, sachant se faire frôler de trop près par les hommes qu’attirait sa face à la fois vicieuse et naïve, elle usait de sa grâce intime