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SPECTRES ARDENTS



» Une flamme vous mord au cœur, flamme éternelle,
» Si puissante qu’un ange y brûlerait son aile,

» Flamme qui ne vient pas de quelque Dieu jaloux,
» Mais d’un être encor plus implacable, de vous. »

« — Faut-il donc renier l’idéal, m’écriai-je ?
» La terre, est-ce le vrai ? le ciel, est-ce le piège ?

» A son rêve doit-on forcément se blesser,
» Et, si tu revivais, vivrais-tu sans penser ? »

« — Moi, si je revivais, répondit le fantôme,
» Je ne voudrais d’aucun espoir ni d’aucun baume.

» Mon âme plongerait où mon âme plongea,
» Je recommencerais ce que j’ai fait déjà.

» En vain ceux dont l’esprit est penché vers la terre
» M’avertiraient de fuir la douleur solitaire ;

» Dans la foudre et le vent je m’en irais encor,
» Loin des chercheurs de joie et loin des chercheurs d’or ! »