Les Cloches.
Au lever du matin qui secoue à demi
Les torpeurs que la nuit ramasse en sa corbeille,
Le coq jette sa voix au sonneur endormi.
Un branle irrégulier bourdonne à mon oreille :
- Le son des cloches m’éveille,
Et j’écoute tinter le prélude d’un glas,
Une note vagit, faible comme une excuse ;
L’une re§te indécise et ne s’achève pas ;
L’une d’elles s’échappe, ondulée et diffuse :
- Le son des cloches m’amuse.
La plainte croît avec un gonflement de mer.
La note monte au ciel comme un jet de baliste,
Pleine et très grave, à vol ample, souffletant l’air ;
Chaque vibration s’élargit et persiste :
- Le son des cloches m’attriste.
Longtemps vacille encor le même tintement.
Toujours à sons égaux la cloche psalmodie,
Toujours le va-et-vient du même bercement,
Toujours les mêmes sons versés comme une pluie :
- Le son des cloches m’ennuie.
Mais voici que le glas se calme sans effort.
Encore un dernier chant d’une voix plus profonde.
Le son plus mollement fait circuler son onde ;
Puis s’en vont au lointain et la plainte et le mort :
- Le son des cloches m’endort.