rapidement, la démangeait, et, plus d’une fois, il lui arriva de se tromper, de croire à l’acharnement d’une mouche. Voyez donc si je n’ai pas une bête ? demandait-elle en montrant son cou rougi par le grattage des ongles. Mais c’est de la crasse, ma bonne vieille, c’est de la
crasse que vous avez là ! "
Il n’y avait pas cette note naturalise, où sonne en même temps l’humorisme, dans
Crime de village ni dans les Cloportes,
qui sont œuvres d’un réaliste çà et là doublé d’un lyrique : nous ne l’entendons
qu’à partir du jour où Renard se découvre humoriste, et le naturalisme n’était pas encore défunt. On la trouve dans
Sourires pincés, dans l'Ecornifleur
et dans la Maîtresse, dans Coquecigrues,
un peu moins et dans la Lanterne sourde,
de ci, de là, dans
les Histoires naturelles :
le cheval, la couleuvre, etc. A partir de
Poil de Carotte, nous n’en percevons plus que
des échos atténués pour, bientôt, ne plus du tout l’entendre.
La première psychologie de Renard vaut donc plus par son originalité que par sa profondeur. Nous savons bien qu’il a raison, et qu’il n’y a pas de sentiment réputé grand qui, décomposé, ne s’avère mesquin, parfois inavouable, mais nous serions heureux qu’il ne triomphât pas aussi facilement. Il croit que rien ne résiste à un trait d’esprit. Il affirmerait qu’au point où elle s’est enfoncée la flèche vibre éternellement.
Il cessa vite d’en être persuadé. Il eut une certitude différente, grâce à quoi il atteignit aux sources profondes de nos sentiments. Ainsi, même à défaut de tout lyrisme, mériterait-il d’être classé parmi les véritables écrivains. En même temps que de la camelote des comparaisons, il se défit de son stock de " gens du métier " et de " gens des deux sexes " et, en général, d’homuncules. Aux confins occidentaux de son œuvre " parisienne " se dressent le Plaisir de rompre et Pain de ménage, où Blanche
