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XLI
PRÉFACE.


la teinte que par la ligne surtout que par le détail que nous n’apercevons pas et que lui seul sait dégager. Il est plus dessinateur que peintre. Il cherche, non pas l’épithète rare, mais l’épithète juste et qui reste applicable dans la plupart des cas, en quoi, contrairement à la doctrine impressionniste, il généralise.

3. Ce qu’il est. — Ni peintre, ni impressionniste, ni lyrique, ni humoriste, ni naturaliste, ni réaliste, ni symboliste, ni classique, ni écrivain pour anthologie, que lui reste-t-il donc ? Evidemment, rien, dira-t-on. Il lui reste tout cela, répondrai-je, et même quelque chose de plus, qui est, dans ses chefs-d’œuvre, la fusion de tous ces éléments en aile ou en puissance.

Procédant par élimination, je dirai que, ce qui domina en lui, à ses débuts, ce ne fut ni la tendance picturale, ni le lyrisme, mais bien le réalisme, et surtout l’humorisme. En revanche, je no te partout le désir de faire court et précis ; c’est ainsi qu’il réalise, dès ses débuts, une des conditions — d’arrière-plan, d’ailleurs, — du classicisme et, si j’ose dire, de " l'anthologisme " tendance qui ne fera qu’aller s’accentuant.

Lyrique qui a la pudeur de ses émotions, réaliste qui ne veut avoir des choses et des êtres une vision que personnelle, classique qui tient à ne l’être qu ? d sa manière neuve encore que branchée sur la tradition, peintre qui se refuse aux débauches de couleurs et de descriptions, symboliste qui retranche de son art l’indécis, le vague, la suggestion pure, humoriste pour qui il s’en faut que l’humour soit le maître-mot de tout, comment, rapprochant toutes ces dominantes, réussir à les concilier ? Se contredisent-elles ? Ne vont-elles pas jusqu’à se ruiner l’une l’autre ? Non pas. Elles s'apportent un mutuel renfort et font de lui, dans notre littérature, une figure très originale.