avant lui. Il l’a dit de façon si neuve, d’abord, ensuite si précise, qu’il est devenu classique, mais d’une espèce rare, et
pas encore cataloguée officiellement en
haut-lieu universitaire.
Symboliste ? Immédiatement sourient les symbolistes intégraux qui l’ont accepté parmi eux un peu à leur corps défendant, parce qu’insuffisamment " esthète " et " cérébral " Et, pourtant , Gourmont écrivait : "Symbolisme, cela peut vouloir dire individualisme en littérature, liberté de l’art, abandon des formules enseignées, tendances vers ce qui est nouveau étrange, et même bizarre,... tendance à ne prendre dans la vie que le détail caractéristique, à ne prêter attention qu’à l’acte par lequel un homme se distingue d’un autre homme " .
Nous sommes aux antipodes du classicisme consacré, et ce serait la définition même du talent de Renard si le symbolisme ne s’était affirmé surtout dans la poésie ; mais il pourrait être attrayant de soutenir, du point de vue même de Gourmont, que Renard ait été un des tout premiers représentants du groupe symboliste dans la nouvelle, dans le poème en prose et dans le roman. Coquecigrues, la Lanterne Sourde, les Histoires naturelles en assènent de nombreuses preuves, et l'Ecornifleur tout entier. Symbolise, cependant, il ne le fut pas au sens où les théoriciens l’entendent encore. Bien qu’il fut admirateur conscient de Baudelaire et de Verlaine, les " correspondances " le soucièrent peu, et ni résonances indéfinies, ni mystérieux échos ne sont dû son ressort. Essentiellement, symbolisme fut l’introducteur de la musique dans la littérature, qu’il s’en soit préoccupé pour elle-même, ou qu’il se la soit intégrée au point de lui conformer ses façons d’écrire en ce quelles ont d’imprécis dans l’art de définir ou de suggérer. Rien de cela dans l’œuvre de Renard où tout est à angles droits, à pans nettement coupés où la première vibration du cristal est tuée par un