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APPENDICE


mais il est bien curieux de constater que la Wallonie et la Revue Belge de Louvain ne demeurent point indifférentes et font bon accueil au petit livre de Jules Renard.

C’est surtout au cours de 1891 que l'auteur des Sourires Pincés devait recueillir le plus de louanges : Le Figaro du 7 janvier de cette année-là sous la signature de Philippe Gille adresse un salut à Jules Renard ; puis c’est le Mot d’ordre, La Grande Revue, La Revue Socialiste.

La Célébrité Contemporaine, dans son numéro de janvier-fevrier, se fait plus chaleureuse que tous les autres confrère et Eloi Majoral envisage la production future de Jules Renard.

Avec Sourires Pincés (Alphonse Lemerre, éditeur) M. Jules Renard a finement écrit une suite de nouvelles d’une tournure sardonique, d’un esprit douloureusement railleur qui avaient paru dans le Mercure de France, l'excellente revue littéraire dirigée par Alfree Voilette et Rachilde. Rien de plus curieux, de plus froidement féroce et en même temps d’aussi amèrement réel que Sourires Pincés. Il y a une histoire d'un certain Poil-de-Carotte, souffre-douleur résigné et ahuri d’une famille de bourgeois, qui fait mal. C’est de l'humour anglaise, irritant les nerfs, poussée jusqu’au jaillissement du sang. Et avec cela, livre d’un artiste ; qui sait fixer en deux traits de plume un passage fin, l'animer en quelques phrases d’une jolie venue. M. Jules Renard annonce deux prochains livres, les Cloportes et l'Ecornifleur. Il n'y a pas de doute que les qualités déjà entrevues dans Sourires Pincés n'acquièrent en ces volumes un relief plus saisissant encore.

Il est à présumer que ce journal dont le titre est une indication ne parlait réellement que des notabilités des lettres, des arts ou de la politique.

Mais il serait sans doute fastidieux de reproduire intégralement tout ce qui a paru à cette époque sur Jules Renard. Nous nous bornerons donc à donner encore quelques fragments qui présentent un intérêt littéraire rétrospectif.

Dans la Justice du 6 février 1891 nous lisons :

Dans l'amas des livres que chaque jour apporte, quelle satisfaction d’en trouver un qui ne ressemble pas aux autres ; qui donne à entendre une voix inconnue, qui donne à regarder la vieille humanité rajeunie par une observation nouvelle et par des mots nouveaux ! Cette heureuse surprise, on la connaît à la lecture de Sourires Pincés signés du nom de M. Jules Renard, hier encore inconnu du public. Le volume a été publié par fragments dans une revue mensuelle, le Mercure de France, d’une littérature très délicate et très aiguë. L’éditeur Lemerre s’est prêté à la réunion de ces pages, et voici un