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APPENDICE


Une composition de Mazeroile assez compliquée et dans le goût " des années quatre-vingt " orne la page qui suit le titre et représente une jeune femme au milieu de gerbes et de guirlandes. Un amour à gauche semble la contempler tandis qu’un second, sur des nuées, cherche à la couronner de roses.

Comme gravée dans la pierre une inscription rappelle que les Roses ont été récitées par la Comédienne.

De l’avis d’un journaliste quand parut la plaquette tirée à petit nombre, le portrait n’était pas ressemblant.

La couverture était bleu tendre et le recueil ne comportait que six pages, imprimées chez Bernard et Cie, 71, rue La Condamine, à Paris,

Danyele Davyle, dans le privé Madame de Saint-Hilaire, rencontrée dans un salon où Jules Renard, débutant de lettres, récitait ses petits poèmes, s’était intéressée vivement au poète dont la physionomie était assez étrange pour frapper.

Ernest Raynaud, condisciple de Jules Renard au lycée Charlemagne, dans le Mercure de France en 1910 puis plus tard dans la Mêlée symboliste, évoque en ces termes cette époque assez pénible où le futur auteur de Poil-de-Carotte louvoyait entre la détresse et les travaux mercenaires :

" Le baccalauréat enfin obtenu. Renard resta à Paris sous couleur de se préparer à l'Ecole normale. Il occupait une chambre garnie rue Jean-Lantier. Il vivait chichement d’une maigre rente de son père qui dirigeait une entreprise de travaux publics dans la Nièvre et présidait comme maire aux de destinées de son village... Son commerce déclinant, il diminua et, je crois, suspendit tout à fait la rente de son fils. Jules Renard accepta pour vivre une place de charbonnier en gros rue Vivienne, mais il n’entendait rien à la comptabilité (du moins à ce qu’il avouait) et finit par quitter cet emploi dénué d’agrément. Comme on se jette à l’eau avec l’énergie du désespoir, il se jeta dans la littérature. Il avait des manuscrits en portefeuille. Il les offrit aux journaux et aux revues soi-disant littéraires. Partout il fut repoussé... Il ne savait que devenir lorsqu’une main amie et secourable, inspiratrice des Roses, se tendit vers lui. Ce fut une halte sur le chemin de la détresse. Il n'était plus seul et put travailler avec sécurité. Il quitta sa chambre garnie pour un modeste appartement de la rue Saint-Placide. Mais l’heure était venue de payer la dette à la Patrie. Il accomplit son volontariat d’un an dans un régiment d’infanterie à Cosne... Il prit son métier à cœur puisqu’il emporta à la fin de l’année les galons de sergent... Il cultiva un moment à son retour les sports et les exercices violents. On le citait dans les salles d’armes pour son adresse à l’escrime. En 1888, Jules Renard fit un mariage d’amour qui lui apportait en même temps quelque aisance... Les deux époux s’installèrent rue du Rocher ".