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JULES RENARD


que l’observation y est, comment dirais-je ? nulle.

— Voyons, tu me dis cela à moi, qui ai fait une noce de tous les dieux. Quand on a vécu comme moi, mon petit, on a retenu quelque chose, diable ! Laisse-moi au moins le mérite de ma triste expérience,

— Alors, c’est sans doute le style qui m’aura paru lâché, et tes phrases sonnent parfois comme des portions de chaudrons qui s’entrechoquent !

— Ah ! non, par exemple ! il n’y a peut-être que cela dans mon livre, mais il y a le style, j’en suis sûr !

— Soit, mais avoue ton entente à démarquer les gens, et que les choses que tu dis dégoûtent comme les choses dont on a trop mangé !

— Es-tu fou ? écoute, je te passe le reste, mon bouquin ne vaut pas deux sous, c’est peut-être fait sans talent, mais accorde-moi que ça n’avait encore jamais été fait ?

— Oui, mon gros, ton livre est très bien, (voir plus haut).


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Ah ! qu’il nous serait doux de mourir, et comme auparavant nous nous engraisserions avec soin si nous pouvions forcer nos quatre meilleurs confrères à porter, selon la coutume des villages, notre cercueil de la maison au cimetière, à suer, durant quelques bonnes heures, sous le poids vengeur de notre corps défunt !