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SOURIRES PINCÉS


Celles-ci firent signe de la tête :

— Ni nous !

— C'est pourtant bien simple. Il y a que je vous ai demandé l’une de vos filles, et que vous m’avez donné l’autre. Vous me direz ce que vous voudrez, mais il me semble que ce n’est pas d’un franc jeu.

M. Repin leva les bras, les abaissa, siffla du bout des lèvres.

— Pu tu tu u u.

Il atteignait l’extrême de l’étonnement. Ces dames ne firent pas un geste, atterrées. Selon la méthode ancienne, le silence, le grave et majestueux silence, prince des situations fausses, régna. Enfin M. Repin parvint à parler :

— Il fallait le dire, il fallait le dire !

Mme Repin, un moment déconcertée, renonça à se contenir davantage.

— Comment ! Ce n’est pas notre Henriette que vous nous avez demandée ?

— Pas du tout, c'est mademoiselle Marie !

M. Gaillardon, ayant chiffonné sa serviette entre ses doigts, l’écrasa sur la table, se leva et marcha d’une fenêtre à l’autre et inversement, d’un pas inégal, avec une grande agitation. Ses bretelles étaient un peu anciennes et mollissaient. Son pantalon tenait mal. Il le relevait d’un mouvement brusque, puis se croisait les mains derrière le dos.

Ces demoiselles, bouche bée, attendaient la suite.

— Femmes, du calme, dit M. Repin, de la dignité. Ne nous emportons pas comme des libertins.

Sa recommandation était superflue. Personne ne songeait à s’emporter. Seulement, on se trouvait