Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu/299

Cette page n’a pas encore été corrigée
209
JULES RENARD


complet, et partit au grand trot, cinglée par le domestique à la blouse ballonnante. Longtemps les Repin virent M. Gaillardon agiter les bras de leur côté, comme lorsqu’on veut marquer une grande surprise. Ils se demandaient :

— Mais qu’est-ce qu’il a donc, mais qu’est-ce qu’il a donc ?

Puis, tout à la joie, on ne se demanda plus rien.


III


Mais quand, une nouvelle fois, M. Gaillardon se laissa tomber du cabriolet, il leur revint qu’il les avait quittés drôlement, et M. Repin prit encore sur lui d’arranger les choses, au dessert, s’entend.

— Qu’est-ce que vous aviez donc, l’autre jour, sur l’adieu ?

— J’avais, dit M. Gaillardon, ce que j’ai encore.

A ces mots, les cuillers, qui mélangeaient dans des assiettes à fleurs le fromage blanc, l’échalotte et la crème, s’immobilisèrent soudain.

— Ah ! ah !

— Voyons, du calme, dit M. Repin. Qu’est-ce qu’il y a ?

— Il y a, dit M. Gaillardon, il y a qu’il y a maldonne. Voilà ce qu’il y a.

— Maldonne !

— Parfaitement.

M, Repin regarda sa femme et ses deux filles qui, le buste écarté de la table, le regardaient. Il dit :

— Comprends pas, et vous ?