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XVII
PRÉFACE.


qu’au 28 avril 1888 où il se marie ce fut sans doute la période la plus dure de sa vie. En novembre ou décembre 1886, il adresse une demande au directeur des Chemins de fer de l’Est. Il se dit âgé de 22 ans et libéré du service militaire. Trois mois après, à son père qui, sans doute, s’inquiète de le savoir sans emploi, il écrit que, lorsqu’il est parti de Bourges, on lui a dit : " Vous n’avez qu’à demander pour entrer à la gare de l’Est : c’est l’affaire de huit jours. " Il a passé une semaine à chercher ailleurs, puis il s’y est décidé. " Monsieur le " directeur de la Société centrale des Chemins de fer de l'Est " a apostillé sa demande et l’a envoyée au chef de son personnel. Convoqué, il a passé un examen, a été reçu. Il travaillera de neuf heures et demie à cinq heures et demie, et gagnera 125 francs par mois. " Pas riche, comme tu vois, mais c’est du pain. " Oui, mais il faut attendre qu’une place soit vacante. Trois mois ont passé, et il désespère. " A vingt-deux ans être où j’en suis ! je ne parle à personne de mon entrée aux chemins de fer. Il me semble qu’il y a un siècle que je suis revenu à Paris. " Sans doute lui semble-t-il, comme à Frédéric Moreau, que le bonheur mérité par l’excellence de son âme tarde bien à venir.

D’autres lettres non datée, mais qu’il est facile d’attribuer aux trois premiers mois de l’année 1887, nous le montrent continuant ses " recherches, dans une sorte de découragement noir. Je m’accroche à n’importe quoi. On vient de m’écrire de la Chambre des Députés... qu’un concours va bientôt avoir lieu, et d’envoyer mes pièces. A l’Est, toujours rien. J’ai envoyé, pour voir, une nouvelle très courte à la Nièvre [au Journal de la Nièvre,] sous un pseudonyme. Elle n’a pas passé. Autour de moi, rien ne réussit." Il " inonde les administrations de demandes." Il s’adresse à M. Turquet, sous-secrétaire d’Etat au ministère des Beaux- Arts. " Lundi "