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Afin de s’étourdir, elle l’entraînait dans le bois, à la tuerie.

— Laisse-les donc s’endormir !

Cependant il la suivit.

Ils marchaient sur la pointe du pied, comme des voleurs. Les feuilles sèches craquaient sous leurs pas. Yvon alluma une lanterne sourde. Il la promenait le long des branches, sans bruit, sous les feuilles. Yvone le tenait par sa peau de mouton. Tout son corps tremblait. La baguette levée, prête à frapper, elle ouvrait les yeux, ne voyait rien.

— Où donc qu’ils sont ?

— Minute ! disait Yvon, la lune va se lever ; viens plus par là, plus par là.

En attendant, tous les deux désiraient des yeux de chats.

Yvone fit voir l’injustice :

— En effet, pourquoi les bêtes ?…

— Tais-toi !

Yvon retint son souffle.

— Un nid, disait Yvon ; vois-tu ?

— Non, disait Yvone.

— Penche la tête.

Yvon écartait les branches et les ronces. Une toile d’araignée se tendait. Il semblait que l’oiseau avait eu l’esprit de la laisser là pour tromper les dénicheurs.

— Où donc ? disait Yvone.

— Baisse-toi, disait Yvon, plus bas, plus bas.

Cependant, au milieu d’un nuage, comme entre deux lèvres, la lune pénétrait le bois de tant de clarté que le bois semblait être dans la lune.

Il y eut comme un réveil, un clapotage de petits cris, de battements d’ailes doux comme des baisers