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— Est-elle drôle ainsi ! dit Comtal, qui regardait la lune.

— C’est drôle, dit Justine qui voyait l’ombre, en cherchant à s’expliquer, un peu effrayée, comme d’une apparition.

— Elle s’en va, dit Comtal.

— Je ne la vois plus, dit Justine.

— Vous tremblez ?

— J’ai froid.

— Moi, je me sens comme ceux qui font des vers. Quelqu’un s’approchait d’eux.

Héboutioux avait la bouche souriante et le regard mauvais. Il tenait une main derrière son dos, et Justine vit sauter dans l’autre une serpe de fer affilée et courbe.

— On se repose, dit-il ; tenez, j’ai ben cherché pour les trouver à votre goût ; ça va vous va rafraîchir, et il tendit à chacun d’eux un beau raisin, doux comme du velours, qu’il venait de couper à la treille.

Comtal s’en barbouilla la face, Justine picotait silencieuse et remise de sa peur. Héboutioux dit à Comtal :

— Vous ne partez pas demain ; autant être ici qu’ailleurs, pas vrai ?

Il avait presque un tremblement dans la voix :

— Je commence à m’y faire, dit Comtal.

Héboutioux s’éloigna, avaricieux assez pour ne rager qu’un peu de les laisser tous les deux, si près l’un de l’autre.



III


Comtal restait.

— Vous m’endormez dans trop de gâteries, disait-il à Justine satisfaite.