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désemplissait pas, sa jambe de bois frappait le carreau d’une manière sonore, sûre d’elle-même comme une vraie jambe.

Cependant Justine, en fichu bleu, plus fraîche et plus rouge, marchait près de Comtal, hardie et multipliant ses phrases : “ Personne ne lui en imposait ! ”

— Pas même quelqu’un de complet ? dit Comtal.

— Vous êtes malicieux.

Comme un homme fort, et quoique recherché dans sa tenue, il lui offrit le bras. Il aimait les choses simples et la trouvait belle.

Des quinquets s’allumaient aux boutiques. Des bras gesticulaient comme pour agripper.

— Un coup de blanque, hein ?

— Non ! À quoi bon jeter son argent ? J’aime mieux me balancer. Au moins, ça profite.

Justine se tenait aux chaînes, la gorge gonflée, la tête en feu. Elle se laissait aller et s’imaginait se baigner dans du vent. Tout disloqué, avec d’énormes tensions et de gros soupirs, Comtal tirait.

Puis il lui promena son mouchoir autour du cou, dans le dos, très bas, comme une éponge, et le bout de ses doigts caressait la peau humide.

Justine poussait de petits cris, bien heureuse.

Un violon, une clarinette, un piston se firent entendre. On dansait dans la grange. Les musiciens dominaient, hissés sur la voiture de Comtal.

Il était parti. Il demanda une polka piquée. Les musiciens se consultèrent :

— Une polka, oui, mais piquée ?

— C’est à peu près pareil, dit Comtal.

Rien n’empêchait d’essayer.

Comtal et Justine s’élancèrent. Elle ne savait pas.