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XII
PRÉFACE.


mon acte de naissance, dûment légalisé, affirme que ce mince événement arriva à Chalons-sur-Mayenne..., mais j’ai le droit de me dire enfant enfant par le cœur, de Chitry-les-Mines, car c’est le pays de mon père, qui fut un sage regretté. C’est bien là que sont nées mes premières impressions, et c’est jusque-là, et ce n’est pas plus loin, que remontent mes plus vieux souvenirs d’âge tendre." Sa famille, il est certain qu’elle était une des plus anciennes de Chitry. Ce qu’il a écrit des Lérin, dans les Cloportes, s’applique trait pour trait à elle : il n’a pas transposé de la réalité au romanesque.

Son grand-père avait été " un patriarche d’utile conseil, consulté parce qu’il était bon, écouté parce qu’il était honnête et pauvre ". Né, selon toute vraisemblance, sous l’Ancien Régime, jamais il n’était sorti de Chitry, où il vivait dans une chaumière d’une seule pièce, et qu’un incendie détruisit par la suite. Il eut plusieurs enfants. Il mourut avant sa femme, la grand’mère de Jules Renard qui avait conservé d’elle un souvenir très vague. Elle aurait donc trépassé à un âge avancé, une année ou deux avant 1870.

Un de leurs fis s’appela François. Né paysan, il se dégrossit et, le premier sans doute d’une longue lignée d’ancêtre, il se déracina et devint entrepreneur de travaux publics. Etant, vers 1850, à Verdun, il fit, dans la région, la connaissance d’Anne Colin qui, à l’accoutumée, vivait chez sa tante a Chaumont, en Haute-Marne. Il avait trente-deux ans, elle, vingt. "Je l’avais prise belle fille", dit M. Lepic, "avec des cheveux noirs et des bandeaux ondulés. C’était la mode en ce temps-là." Ils eurent une première fille, qui mourut au berceau, une seconde, en 1859, qui porta le prénom de la petite défunte : Amélie. En 1862, François Renard était à Châlons, dans la Mayenne, canton d’Argentré. C’est,