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— Têtue, ça t’amuse de périr !

Héboutioux rentra :

— C’est fini pour aujourd’hui, Justine. Personne ne viendra, à c’t’heure.

Cependant, ils espéraient encore.

Héboutioux tambourinait sur la table. Soudain, des grelots sonnèrent. Un fouet claqua : “ Une voiture ! ” fit Justine.

Héboutioux resta cloué. Il n’osait se réjouir.

— Vous verrez qu’elle passera tout droit !

Elle s’arrêta, légère sur ses deux roues, peinte en vert.

Un monsieur très bien mis descendit.

Il avait une belle barbe noire, un teint pâle et assez de ventre, comme le type du blanc dans les géographies élémentaires. Il voulait casser une croûte seulement, puis continuer une grande excursion qu’il faisait dans le pays.

Justine, Héboutioux, se multipliaient, en quête de torchons, effarés avec trop de pas et de gestes, comme s’ils avaient perdu l’habitude de servir.

Héboutioux avançait un tabouret de paille : il regrettait, on réparait les chaises.

Justine cassait une assiette, invitait Monsieur à rester, à coucher. Il verrait demain la fête du village.

Monsieur la fixait d’un air bienveillant.

— Je ne le puis.

Ils se pressèrent moins, désappointés.

Mais Juâtine fit un signe de croix.

L’orage éclatait. La pluie tombait en rayons blancs. Les carreaux pleuraient comme des yeux. De petites gouttes jaillissaient par les fentes des croisées. Dehors le cheval courbait la tête sous l’averse.