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En ce moment, la fenêtre de Marthe s’ouvrit. Et au-dessus d’un pot d’œillets rouges, entre les clématites flexibles qui l’encadraient sa tête apparut, fine et blanche, comme une fleur pâle qui viendrait se mettre à l’air.

Jac lui souriait.

Elle le regarda, surprise.

— Je vais me baigner, dit-il.

Marthe répondit :

— Tu sais que maman te l’a défendu.

— Elle ne me grondera pas, dit Jac, et cela vous amusera.

Marthe resta, retenue par la curiosité éveillée d’une petite fille qui, plus d’une fois, avait surpris un bout de conversation entre des domestiques, une phrase obscure pour elle, un mot étrange.

Jac ôta sa veste et la jeta sur l’herbe. Il retourna ses poches et en laissa tomber tout ce qu’elles contenaient. Il rangea par terre ses belles boules de toutes couleurs.

— Je vous les donne, dit-il à Marthe ; elles sont pour vous.

Il entra dans l’eau. Le bout de son pied l’avait à peine touchée qu’il le retira vivement.

Marthe se mit à rire. Elle se penchait le plus possible.

Jac s’assit sur la mousse du bord et, frissonnant un peu, se laissa glisser lentement. Il se tourna vers Marthe et, avec une voix rieuse de petit saltimbanque, il cria : “ Attention ! je vais faire celui qui se noie. ”

Les membres frappaient l’eau : son corps avait des contorsions. Des gouttes jaillissaient et pendaient aux feuilles, petites larmes claires.