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bien là, certain que les fleurs sentaient bon, que tout croissait, que tout chantait pour lui comme pour elle, quand il se croyait pour moitié dans ses joies, dans sa vie, entré plus avant dans son affection, tout près d’une intimité de petit frère d’élection, avec le regard qu’on a pour un joujou de passage, avec un mot blessant, une comparaison moqueuse, une attitude hautaine, Marthe le rejetait loin d’elle, nonchalante souveraine en robe courte.

C’étaient là pour Jac des chutes où il se faisait mal. Il se relevait les yeux remplis de pleurs, sans se plaindre, et suivant à travers ses larmes comme une part volée qu’on ne lui rendrait pas.

Et d’autant moins que Marthe, chétive et languissante, peut-être amusée à la torture d’un être plus fort qu’elle, ménageait ses boutades et ses saillies d’humeur, jac multipliait autour d’elle ses soins étudiés, resserrait ses prévenances, l’entourait d’attentions où il mettait sans compter tout ce qu’il avait de délicatesse et d’envie d’être un peu plus aimé.

Marthe, par oubli, se laissait envelopper de ce culte enfantin. Puis le dédain perçait, et elle avait le caprice de casser le feuillage épais d’où coulaient sur elle la fraîcheur et l’ombre pour voir un peu plus loin.

La Comtesse, nostalgique et ennuyée, ne s’apercevait pas de ces choses frivoles. Jac souffrait ; elle ne vit rien.

Un matin, brusquement, Marthe, joyeuse, dit à Jac que le château était vendu, qu’elle allait partir vers un pays plus ensoleillé, et qu’ils allaient se quitter.

Il entendit sans bien comprendre, bouleversé.