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fin comme un flocon de neige. Dans l’air pesant et chargé, elle se sentait un peu mal à l’aise.

Elle dit à Jac :

— Veux-tu venir jouer au château ?

Jac ne répondit pas.

Embrassé, choyé, dorloté, bourré tout le jour, ébloui par la vision de Marthe, il allait de merveilles en merveilles. Le bonheur devenait accablant.

Mme la Comtesse dit à la mère :

— Je l’emmène.

La veuve répondit :

— C’est bien de l’honneur à nous.

La Comtesse se leva, salua tout le monde avec une grâce modérée, et sortit en disant :

— Je veux être marraine.

La veuve pensa que le moment était venu de rougir et le marié de se redresser.

Marthe, à gauche de Mme la Comtesse, gardait une indifférence de bon goût, et Jac, à droite, une seule main dans la poche, se demandait comment il allait bien s’y prendre pour jouer avec cette singulière petite fille qui s’obstinait à se taire.

Derrière eux, dans la salle longue aux coins emplis de meubles empilés, au-dessus de la table où les verres sonnaient, où les serviettes de toile s’agitaient, au-dessus des tètes en feu, secouées et somnolentes, de nouveau, vers le plafond, avec la fumée des pipes et les âcres odeurs, des voix montaient et de larges éclats de rire.



II


Jac entra dans la grande allée du château avec recueillement. Des Statues de pierre le regardaient