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Elle lui répondit simplement ;

— Ce sera pour après.

Elle n’était pas pressée. Elle ne doutait pas de sa promesse.

Ils se promenèrent un peu.

Un pâle soleil d’octobre faisait briller comme une immense ceinture neuve la route blanche à perte de vue.

Les paysans en vestons courts, sous leurs blouses raides et luisantes qu’ils avaient quittées pour communier, causaient, lisaient les affiches, parlaient politique, plantés au milieu de la route, les bras ballants dans l’air, les gestes larges, heureux, rasés de frais. Les paysannes, dans leurs corsages serrés et leurs jupes de couleurs voyantes, coiffées de bonnets extraordinairement hauts et* légers qui donnaient aux vieilles un air jeune, et aux jeunes un air de petites vieilles, s’éternisaient aux seuils des portes, à saluer, à regarder les passants, le soleil, toute l’animation bruyante d’un jour de fête, et se répétaient entre elles, des deux côtés de la route, avisées et criardes, les passages du prône bien parlés, en les commentant.

Marguite et José allaient doucement, chacun à ses pensées, Marguite le cœur un peu gros, non que la nouvelle l’eût bien affligée : tout le monde faisait ses cinq ans ; mais quand on n’est pas bien préparé ! Enfin, ça se passerait. C’était trop tôt. Encore si elle avait tenu le pré aux saules ! Elle l’aurait fait valoir à sa guise. Quant à l’absence de José, ce n’était pas là le pénible. On se reverrait avec plus de plaisir.

Ils s’assirent juste à l’endroit où ils avaient fait connaissance, ce qui les toucha.