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par ruse, pour voir plus loin, et plus gros dans les promesses de José, ce qu’elle eût volontiers laissé prendre par bonne amitié. On s’aime, mais on a de l’argent. On se marie, mais on héritera.

— Allons, dites oui.

Marguite hésitait.

— je ne suis qu’une bête, mais je vous aime bien.

Il ajouta :

— J’aurai le pré aux saules.

— Dame, dit Marguite, autant vous qu’un autre.

José attrapa l’aveu flatteur :

— Aux bans, alors.

— Comme vous voudrez ; moi, je veux bien, dit Marguite.

Et elle rentra.

Tout entière à ses impressions obscures, réfléchie, elle se sentait monter à la tête une sève forte qu’elle ignorait.



V


Ce dimanche matin, José la ramenait, coquette et gaie, de la messe. Il admirait son joli châle rouge, croisé sur le dos et la poitrine.

— Vous avez l’air toute sellée pour un voyage, Marguite.

Elle se laissait enjôler, facile et bonne, aux compliments.

Subitement José s’arrêta, embarrassé, puis se décida :

— Y a une chose, dit-il, je fais mes cinq ans.

Elle le regarda, stupéfaite :

— je ne vous l’avais pas dit, pour être plus sûr.