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LES ROSES
De Roses rouges comme un astre à son lever,
- Rouges comme une grappe mûre,
Ou comme une pudeur, un visage empourpré
De vierge sur le seuil d’un amour préparé,
- Ou rouges comme une blessure,
De Roses blanches comme une coupe de lait,
- Comme des houppes à la neige,
De roses pâles comme un linceul d’enfant mort,
Ou comme un front de sœur où le passé s’endort
- Parmi les regrets en cortège,
De Roses sans couleur, sans reflet captivant,
- Très indolentes dans leurs poses,
Ayant perdu leur teinte à force d’embaumer,
Comme une femme perd jusqu’au désir d’aimer
- Et de Roses simplement roses ;
Toutes versant l’odeur de leur gorge à plein flot,
- Une odeur profonde où voltige
Le parfum maladif multiplié dans l’air,
Ou le parfum subtil qui pénètre la chair,
- Comme prise dans un vertige,
Et toutes à l’envi, grisant le paradis,
- Abri touffu des amours closes,
Où les amants mêlés et lassés de souffrir
Viendraient paisiblement se coucher, pour mourir
- Au souffle de toutes les Roses !