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JULES RENARD
Madame et bébé
Les marronniers sont hauts et doux
Sous le soleil qui les arrose,
Et, riante, sur ses genoux
La mère tient son enfant rose.
Elle compte sa seule dent,
Et lui, le nez intarissable,
S’épanouit en regardant
Ceux qui font des pâtés de sable.
Des pigeons au col onduleux
Se pavanent dans l’herbe tendre,
Et le pain s’émiette autour d’eux.
Ils n’ont qu’à becqueter pour prendre.
Soudain l’enfant crie, et rougit,
Et devient pâle ; mais sa mère
Est sans effroi, car il s’agit
D’un mal qu’elle sait éphémère.