Soudain calmé, d’un coup rendu,
Tu cesses, mais chacun en doute.
Tel qui ne t’a pas entendu
Croit t’entendre encore et t’écoute.
Nul n’ose bouger ; par effroi,
Faut-il en croire ton silence ?
Et craintivement chacun lance
Un coup d’œil inquiet vers toi :
Mais c’est bien fini. Les bobèches,
— Car tout le temps qu’on t’ écouta
La bougie en elles, goutta, —
Les bobèches touchent aux mèches :
Et franchement il était temps !
Quitte à se casser par ta faute,
Un vieillard se détend et saute
Sur ses jarrets de soixante ans.
Cependant que chacun trépigne
A son aise et pousse un " hélas ! "
Tu te retires, jamais las,
Dans un coin du salon, très digne.
Et déjà maint corps fatigué
Tout en l’air se désankylose.
On danse, tu deviens morose ;
On s’exclame, et tu n’es pas gai.
Peut-être faut-il pour te plaire,
Beau monologuiste vainqueur,
Qu’une des dames t’offre un cœur
Dont elle ne sait plus que faire ?