Mais les branches traînaient si bas
Qu’elle dut se coucher sous l’une.
" Vous voyez le feu, n’est-ce pas ?
— Pardon ! Jamais ! je vois la lune ! "
La fleur des baisers s’effeuillait
Avec un filet de murmure
Sur ses beaux veux comme un œillet.
Sur sa bouche comme une mûre.
C’était l'heure des chants calmés,
Des mots brisés comme des perles ;
Les rameaux se courbaient, pâmés ;
C’était l’heure douce où les merles
Cherchent, veilleurs des bois dormants
Et guetteurs des bonnes fortunes,
Si la lune a vu plus d’amants
Que les amants n’ont vu de lunes.
Le chemin la vit repasser
Dans la défaite de ses charmes,
Et le lierre sentit glisser
Des gouttes d’eau comme des larmes.
Elle prolongea le retour
Comme en une route perdue.
Quand on a passé par l’amour
L’heure où l’on rentre est heure indue.
Nos cœurs brûlaient à petit feu.
Les fleurs s’éteignaient une à une.
La noir reprenait, peu à peu,
Le chemin, le bois et la lune.