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blic qu’il écrit pour le public des choses qu’il méprise lui-même.

5

Afin de juger sainement d’un livre, essayez de vous faire les ongles en le lisant. Si vous n’y parvenez pas, le livre est bon, et si vous vous êtes un peu coupé, il est excellent.

6

Il est des hommes de lettres qui sont les cholériques des lettres et dont le cerveau est un bas-ventre dérangé. Ils écrivent comme on a la diarrhée.

7

— « Platon rapporte quelque part » — me dit mon grand confrère.

Je le regarde, épouvanté. — Mais mon grand confrère ajoute :

— « Soyez tranquille, je ne lis pas Platon. J’ai pris cette phrase dans Caro, qui l’a prise dans Cousin, qui l’a prise dans Voltaire, qui l’a inventée de tous mots. C’est comme les proverbes, quand je ne