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éprouvait sa première peine de cœur sérieuse ; mais, troublé et contraint de s’avouer qu’il regrettait le maître d’étude un peu comme une petite cousine, il se tenait à l’écart, inquiet, presque honteux. Sans embarras, Violone allait à lui quand on entendit un fracas de carreaux. Tous les regards montèrent vers la petite fenêtre grillée du séquestre. La vilaine et sauvage tête de Véringue parut. Il grimaçait, blême petite bête mauvaise en cage, les cheveux dans les yeux et ses dents blanches toutes à l’air. Il passa sa main droite entre les débris de la vitre, qui le mordit, comme animée, et menaça Violone de son poing saignant.

— « C’est toi, dit le maître d’étude, petit imbécile, te voilà content ! » —

— « Dame ! lui cria Véringue, tandis que, avec entrain, il cassait d’un second coup de poing un autre carreau. Pourquoi que vous l’embrassiez et que vous m’embrassiez pas, moi ? » —

Et il ajouta, en se barbouillant gaminement la figure avec le sang qui coulait de sa main coupée :

— « Tiens, moi aussi, j’en ai des joues rouges, quand j’en veux ! » —