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— « À la bonne heure ! au moins, vous comprenez les affaires » — dit M. Gaillardon.

Il allait s’asseoir, mais il n’avait pas encore eu l’occasion de poser son chapeau quelque part. Il chercha des yeux un clou pour le pendre. N’en découvrant pas, comme aucune de ces dames ne s’offrait pour le débarrasser en disant :

— « Donnez-donc, donnez donc. » —

Il dut le poser sur une chaise.

Il aimait les plats cuits à point, et plut tout de suite à M. Repin. Tous les deux étaient à peu près également chauves, mais, grâce à sa barbe blanche et longue, M. Repin l’emportait en autorité sur son futur gendre. D’ailleurs, il parlait haut, un peu fier d’avoir un domicile. Ils causèrent bœufs longuement, et tombèrent d’accord, au bout de mutuelles concessions, qu’il faut qu’un bœuf vendu paie son engrais à raison de un franc par jour ; et encore, ce n’est pas beau ! On fait ses frais, voilà tout.

Au dessert, quand il trouva un moment pour faire tourner ses pouces sur son ventre, M. Gaillardon se hasarda à regarder Mlle Marie. Sans doute, il n’osait pas regarder tout d’abord et franchement, comme un effronté, Mlle Henriette.