Page:Renard - Sourires pincés, 1890.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ouvre sa main droite en compas, le pouce d’un côté, les quatre doigts de l’autre, comme font les gamins joueurs de boule, puis il mesure :

— « Deux longueurs pour moi, dit-il, et quatre et demie pour toi ! Autant dire que tu prends toute la place. » —

Il regarde Aline presque sévèrement, à croupetons, ses deux mains plaquées sur ses cuisses, ébouriffé, sa chemise à la russe fripée. Elle l’écoute, les yeux ternes sous les boucles de ses cheveux tombantes, pareille à une sauvage innocente. Ses épaules frissonnent à l’air, comme au contact d’une gaze humide.

— « Voyons, demande Albert, est-ce que j’exagère ? Remarque que je veux bien faire la part belle, très belle, à tes hanches de femme. Mais où s’arrêteront-elles ? » —

Il se tient prêt à une discussion serrée, avec preuve entre les doigts, sur le point de vérifier les mesures.


IV


Mais elle pleure !

— « Qu’est-ce que c’est, encore ? » —

— « Tu ne m’aimes plus. » —