Page:Renard - Sourires pincés, 1890.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.


IV

SAUF VOTRE RESPECT


Peut-on, doit-on le dire ? Poil-de-Carotte, à l’âge où les autres communient, blancs de cœur et de corps, était encore malpropre. Une nuit, il avait trop attendu, n’osant « demander ». Il espérait, au moyen de tortillements gradués, calmer le malaise. — Quelle folie ! — Une autre nuit, il s’était rêvé commodément installé près d’une borne, à l’écart, puis il avait fait dans ses draps, tout innocent, bien endormi. Il s’éveillait. Pas plus de borne près de lui qu’à son étonnement !

Mme  Lepic se gardait de s’emporter. Elle nettoyait, calme, indulgente, maternelle. Et même, le lendemain matin, comme un enfant gâté, Poil-de-Carotte déjeunait avant de se lever. Oui, on lui apportait sa soupe au lit, une soupe soignée, où Mme  Lepic, avec une palette de bois, en avait délayé un peu, oh ! très peu.

Au chevet, grand frère Félix et sœur Ernestine