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Leroc continuait de dormir, de plus en plus calme.


VIII


Toute la grande chambre tombait à un silence profond. Au-dessus de l’immense cheminée, où tourbillonnait une fumée âcre, entre deux chandeliers de cuivre brillants comme des éclairs et quatre baguettes de bois noir, Napoléon Ier, empereur, son petit chapeau un peu de travers, l’œil sévère et la main droite glissée dans sa redingote grise, comptait, une à une, les pulsations de son grand cœur. On ne voyait pas encore le portrait du général Boulanger, car les gloires successives de la France n’entraient guère sous cet humble toit qu’une vingtaine d’années après leur disparition. Un agent, toutefois, leur avait fait l’article en disant :

— « Un malin, celui-là, tenez ! » —

Leroc avait pris le portrait :

— « Un malin, vous dites ? » —

C’est égal, il se défiait et préférait attendre ; et, après avoir tous regardé, à la ronde, longuement, l’image peinte, et bien que, selon les deux sœurs, elle eût un faux air de Pierre alors soldat, ils l’a-