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— « Leroc, aussi, tu ne sais pas le prendre, ce petit ! Laisse-moi faire. » —

Il ne se passa rien. Leroc en s’arc-boutant contre un mur neuf l’aurait fait crouler, mais il obéissait volontiers à sa femme. Par peur ou par mépris, il se contint et dit à Pierre :

— « Ah ! tu fais ton majeur avec ton père, mon garçon, c’est bon ! Continue, jusqu’à ce que je t’arrête. » —

Et il détourna ses épaules menaçantes avec la lenteur d’une grue qui déplace des pierres de taille.


IV


Pierre continua de rentrer à des heures tardives, indifférent aux clabauderies. Sa mère se mit en chasse avec ardeur, pour trois motifs. D’abord, très religieuse, elle ne trouvait dans l’œuvre de chair, en dehors du mariage, que crime et perdition. Elle voulait surprendre son fils en pleine débauche, le nez sur la chose, et, après l’avoir corrigé (car elle le voyait encore tout petit, en culotte fendue, la porte grande ouverte aux fessées), lui faire honte de sa conduite, et le ramener à la ferme par l’une et l’autre oreilles, alternati-