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— « Il me paraît, disait-il, qu’on ne l’entend plus ! » —

— « C’est rien, disait le vieux, elle étouffe, mais c’est pour rire, la goulue ! » —

— « Ah ! c’est pour rire ? » —

— « Non, il faut attendre que ça revienne ! » —

Mais Raponot s’inquiétait :

— « Je trouve qu’elle étouffe un peu longtemps ! » —

— « Ah ouath ! disait le vieux. Des fois, elle reste une heure sans mouver, en pleine suie, pour m’attraper ! » —

— « Tout de même, je vas voir » — disait Raponot.

Il entrait.

La vieille, calée par ses lourdes boursouflures de chair, s’était presque affalée sur le sol battu.

— « Cousine, c’est-il que tu dors ? » —

— « Elle fait la sourde » — disait le vieux.

— « Ma foi, elle ne bouge plus » — affirmait Raponot.

Le vieux se levait et feignait d’être dupe.

— « Plaît-il ! parles-tu vrai, au moins, mon cousin ? Alors donc j’aurai maintenant les pommes de terre pour moi, j’en mangerai mon saoûl, sans céder de vin en pour. Je me régalerai tout seul.