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Poil de Carotte

mais je regarde ton amitié comme une haute faveur que tu ne me dois pas et que tu m’accordes généreusement.

— Ah ! répond M. Lepic.

— Et moi, et moi ? demandent grand frère Félix et sœur Ernestine.

— C’est la même chose, dit Poil de Carotte. Le hasard vous a faits mon frère et ma sœur. Pourquoi vous en serais-je reconnaissant ? À qui la faute, si nous sommes tous trois des Lepic ? Vous ne pouviez l’empêcher. Inutile que je vous sache gré d’une parenté involontaire. Je vous remercie seulement, toi, frère, de ta protection, et toi, sœur, de tes soins efficaces.

— À ton service, dit grand frère Félix.

— Où va-t-il chercher ces réflexions de l’autre monde ? dit sœur Ernestine.

— Et ce que je dis, ajoute Poil de Carotte, je l’affirme d’une manière générale, j’évite les personnalités, et si maman était là, je le répéterais en sa présence.

— Tu ne le répéterais pas deux fois, dit grand frère Félix.

— Quel mal vois-tu à mes propos ? répond