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mathilde

Grand frère Félix les conduit par le pré. Il marche à reculons, et les bras en balancier leur indique la cadence. Il se croit M. le Maire et les salue, puis M. le Curé et les bénit, puis l’ami qui félicite et il les complimente, puis le violoniste et il râcle, avec un bâton, un autre bâton.

Il les promène de long en large.

— Halte ! dit-il, ça se dérange.

Mais le temps d’aplatir d’une claque la couronne de Mathilde, il remet le cortège en branle.

— Aïe ! fait Mathilde qui grimace.

Une vrille de clématite lui tire les cheveux. Grand frère Félix arrache le tout. On continue.

— Ça y est, dit-il, maintenant vous êtes mariés, bichez-vous.

Comme ils hésitent :

— Eh bien ! quoi ! bichez-vous. Quand on est marié on se biche. Faites-vous la cour, une déclaration. Vous avez l’air plombés.

Supérieur, il se moque de leur inhabileté, lui qui, peut-être, a déjà prononcé des paroles d’amour. Il donne l’exemple et biche Mathilde le premier, pour sa peine.