miné. On le trouve plutôt enlaidi sous ses cheveux trop longs et d’un rouge sombre. M. Lepic, hostile aux effusions, ne témoigne sa joie de le revoir qu’en le taquinant. À l’aller, il lui détache une chiquenaude sur l’oreille. Au retour, il le pousse du coude, et Poil de Carotte rit de bon cœur.
Enfin, M. Lepic lui passe la main dans les « bourraquins » et fait crépiter ses ongles comme s’il voulait tuer des poux. C’est sa plaisanterie favorite.
Or, du premier coup, il en tue un.
— Ah ! bien visé, dit-il, je ne l’ai pas manqué.
Et tandis qu’un peu dégoûté il s’essuie à la chevelure de Poil de Carotte, madame Lepic lève les bras au ciel :
— Je m’en doutais, dit-elle accablée. Mon Dieu ! nous sommes propres ! Ernestine, cours chercher une cuvette, ma fille, voilà de la besogne pour toi.
Sœur Ernestine apporte une cuvette, un peigne fin, du vinaigre dans une soucoupe, et la chasse commence.
— Peigne-moi d’abord ! crie grand frère Félix. Je suis sûr qu’il m’en a donné.