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les joues rouges

Tous les regards montent vers la petite fenêtre grillée du séquestre. La vilaine et sauvage tête de Poil de Carotte paraît. Il grimace, blême petite bête mauvaise en cage, les cheveux dans les yeux et ses dents blanches toutes à l’air. Il passe sa main droite entre les débris de la vitre qui le mord, comme animée, et il menace Violone de son poing saignant.

— Petit imbécile ! dit le maître d’étude, te voilà content !

— Dame ! crie Poil de Carotte, tandis qu’avec entrain, il casse d’un second coup de poing un autre carreau, pourquoi que vous l’embrassiez et que vous ne m’embrassiez pas, moi ?

Et il ajoute, se barbouillant la figure avec le sang qui coule de sa main coupée :

— Moi aussi, j’ai des joues rouges, quand j’en veux !