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les joues rouges

de son bureau. Sa belle main, où brille la pierre verte d’une bague, se promène élégamment sur le papier. Au bas de la page, il improvise une signature. Elle tombe, comme une pierre dans l’eau, dans une ondulation et un remous de lignes à la fois régulières et capricieuses, qui forment le paraphe, un petit chef-d’œuvre. La queue du paraphe s’égare, se perd dans le paraphe lui-même. Il faut regarder de très près, chercher longtemps pour le retrouver. Inutile de dire que le tout est fait d’un seul trait de plume. Une fois, il a réussi un enchevêtrement de lignes nommé cul-de-lampe. Longuement, les petits s’émerveillèrent.

Son renvoi les chagrine fort.

Ils conviennent qu’ils devront bourdonner le Directeur à la première occasion, c’est-à-dire enfler les joues et imiter avec les lèvres le vol des bourdons pour marquer leur mécontentement. Quelque jour, ils n’y manqueront pas.

En attendant, ils s’attristent les uns les autres. Violone qui se sent regretté, a la coquetterie de partir pendant une récréation. Quand