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M. D’OUTREMORT

louchaient vers le château, d’un air de mauvaise allégresse. Ils virent ainsi, à la croisée d’une poivrière, quelqu’un dont ils ne s’inquiétèrent d’aucune sorte, ne sachant pas, dans la distance, qui était ce curieux-là.

Nazaire, lui, ne pouvait s’y tromper. Tandis que ses pairs s’occupaient à boire dans une salle d’auberge, il obéissait scrupuleusement aux instructions qu’il avait reçues, et se tenait tout oreilles en face du tribun. Dès qu’il eut remarqué la présence de M. d’Outremort à l’ouverture de la poivrière, il n’en conçut rien de bon, et prit le chemin du retour.

Se faufilant parmi la populace de la grand’rue, avec des regards sourcilleux à l’adresse du château, il s’aperçut tout à coup d’une chose qui le fit blêmir : le pont-levis était abaissé, la herse relevée et les portes béantes. Nazaire se hâta, saisi d’un trouble indéfinissable. Cependant M. d’Outremort n’avait pas quitté son poste, et c’était rassurant. Même, il ne paraissait pas s’intéresser au spectacle lointain de la célébration rurale, puisque, de plus près, il avait