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M. D’OUTREMORT

Perrault ; ou mieux peut-être : l’original d’un de ces croquis effarants que Victor Hugo traçait à l’encre, au café, à la suie, selon sa fantaisie redoutable, et qu’il eût appelé Heppeneff ou Corbus.

Si l’extérieur de ce burg vosgien semble géologique, l’intérieur en est monacal. Des galeries soutenues d’arceaux y font communiquer entre elles des chambres voûtées et des cours pareilles à des cloîtres. Nul décor mieux approprié aux marches pensives d’un solitaire chargé de savoir et de mélancolie, décor d’Edgar Poe hanté par une création d’Hoffmann, — château Usher.

M. d’Outremort m’y convia fréquemment du vivant de notre jeunesse, le marquis Fulbert étant là qui chassait. Je n’aimais pas m’y rendre, et j’en sortais à tout coup avec soulagement, comme si j’échappais à un grand malheur. La proximité de cette foule défunte répandait par l’édifice une atmosphère de gêne et d’inquiétude. À mes yeux, la crypte se prolongeait dans toute la citadelle ; ses relents d’église et de catacombes montaient, pour mes narines, jusqu’aux gre-