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LA GLOIRE DU COMACCHIO

— « Je la fais fondre un peu tous les jours », expliqua le vieil homme.

Leonora d’Urbino !

Cesare, tragique, restait figé d’horreur. — Donc, il avait pressenti la vérité. Le coup de sang du podestat, la consomption de la marquise : des envoûtements ! — Oh ! ce n’était pas que la sorcellerie l’étonnât. Il y croyait comme tout le monde, et portait dans un anneau l’œil droit d’une fouine pour se préserver du nœud de l’aiguillette. Non, ce qui le bouleversait jusqu’aux moelles, c’était de se trouver dans un de ces laboratoires dont chacun parlait sans les avoir jamais visités, comme de l’Enfer ; c’était de toucher du doigt la chose abominable, de voir de ses yeux la source clandestine des forfaits maléfiques, et d’apprendre que Tubal — ce Tubal ordinaire, quotidien, fréquent — était ce sous-dieu redoutable : un sorcier !… Maintenant il comprenait. Sacrificateur des rancunes opulentes et perfides, le Juif avait lié partie avec Milanello (la manière du sculpteur défunt s’accusait dans les effigies par ses travers coutumiers). Et toutes les morts équivoques