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LA GLOIRE DU COMACCHIO

Ils débouchèrent dans le cortile intérieur.

Au premier moment, Cesare ne discerna que la belle ordonnance d’un cloître profane, rectangulaire, entouré de portiques légers formant deux promenoirs qui superposaient leurs arceaux et leurs colonnades. L’ombre s’amassait dans les galeries. Celle d’en haut, du côté de la place publique, était le siège d’une grande agitation. Aux lueurs de quelques lampes, on y voyait des serviteurs s’affairer aux alentours d’une table, et porter avec mille paroles les mille accessoires du souper qu’ils préparaient.

— « Où est la statue ? » disait Cesare.

— « Regardez », fit Tubal. « Mais restez dans l’ombre, derrière ces piliers. »

Autour du bassin central empanaché de son jet d’eau, trois statues de bronze étaient debout, chacune sur un piédestal ; et rien d’autre n’enrichissait la cour vide et le dallage nu. Cesare, au comble de la surprise, se repaissait avidement de la représentation préparée pour le duc, et regardait les trois statues tour à tour.

La première, c’était le vieux chef-d’œuvre