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LA GLOIRE DU COMACCHIO

gées de cassettes, de buires et d’émaux. Les glaces de Venise, au-dessus des bahuts plaqués d’ivoire et de nacre, reflétaient des tableaux sans pareils. Des cabinets d’ébène ornés de figurines ouvraient leurs vantaux précieux sur des files de livres cuirassés d’argent. Les sièges durs, amollis de coussins, se miraient aux vastes parquets. Tout cela fait pour les conversations et les danses. — Et tout cela désert. — Deux levrettes blanches accouplées vinrent flairer les étrangers aux talons, l’une voulut les suivre, l’autre s’écarter d’eux. Ils les laissèrent tirailler sur la couple.

— « Bénis soient les palais d’artistes ! » marmonna le Juif. « Partout ailleurs, les murs seraient aux écoutes et les trous de serrure aux aguets. — Messer, n’est-ce pas que la richesse est une jolie chose ? »

Cesare répondit évasivement :

— « Il est toujours beau l’endroit où l’on est heureux… »

Fatima, soulevant un rideau, les fit passer devant elle. Son geste recommandait la prudence.