dépêché vers vous, afin de vous rappeler que demain dimanche, un an se sera écoulé depuis la mort du regretté Ser Milanello — dont veuille Dieu recevoir l’âme ! — qui fut, de son vivant, statuaire attitré de la cour… »
L’artiste, avec un sourire, écoutait parler le fonctionnaire. Celui-ci retraçait en longues phrases officielles ce que nul n’ignorait. Le duc Alfonso da Este, voulant donner un successeur à Milanello « sans que, disait-il, la brigue et la faveur eussent la moindre part à cette élection », avait institué un tournoi de sculpture dont le vainqueur obtiendrait la place convoitée. Lui-même avait fixé le sujet : Andromède, avec toute liberté d’exécution. Et c’était le lendemain que les œuvres des concurrents devaient être rassemblées sur la place, où, devant le peuple de Ferrare, Son Altesse viendrait les juger.
— « Vous vous êtes mis sur les rangs, Messer Cesare Bordone. Avez-vous persévéré ? J’ai mission de toiser les statues. Notre Grand Camérier, Messer Fraschino, est chargé de les faire transporter au lieu du concours, et