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L’HOMME AU CORPS SUBTIL

— « Commençons tout de suite », ordonna Morand.

Bouvancourt eut un cri de révolte :

— « Et si je ne veux pas, moi ! »

— « Je saurai vous y forcer ! Je vous y forcerai chaque fois que je voudrai !… Pour le présent, ceci me suffira. »

Le revolver toucha le front vénérable du physicien. Bouvancourt ferma les yeux…

Quand il les rouvrit, une âme nouvelle s’y reflétait.

Morand, qui s’attendait à la péripétie, rempocha son instrument de persuasion.

— « Soit ! » opina Bouvancourt d’un ton peut-être résigné, mais plutôt résolu. « Quinze minutes ; je vous demande quinze minutes pour accomplir votre métamorphose. — Naturellement, » fit-il avec légèreté, « vous désirez que votre corps tout entier devienne insaisissable ? »

— « Parbleu, cela va de soi ! Des pieds à la tête. »

— « Des pieds à la tête ; fort bien. Je vous posais cette question parce que c’est mon