Page:Renard - Outremort et autres histoires singulières, Louis-Michaud, 1913.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
L’HOMME AU CORPS SUBTIL

Celui-ci continua :

— « Deux de mes employés m’ont fait un rapport incroyable. Une étrange avanie leur fut infligée mardi, vers minuit, près du cimetière. Les bras du premier, devenus soudain yatagans, ont décollé certain promeneur sans lui causer le plus petit dégât. Quant au second, il a passé au travers de ce personnage surnaturel, qui s’en aperçut tout juste suffisamment pour s’esclaffer de la diablerie.

» Ce promeneur attardé, monsieur, ne pouvait être que le magicien Bouvancourt. Je connais l’annuaire pontargeois, il ne renferme qu’un nom de sorcier : le vôtre. Et, comme l’époque de mon bachot ès sciences n’est pas encore très reculée, j’ai compris que, par l’intervention de la radiographie, vous veniez de découvrir le moyen de vous rendre aussi traversable, aussi insaisissable qu’un homme de gaz… ou de liquide… »

— « Ce n’est pas tout à fait cela », remarqua Bouvancourt avec un fin sourire. « La comparaison… »

— « Aucune importance ! » déclara le pervers Adonis. « L’intérêt, pour moi, réside