stupide, ridicule, ayant trouvé, dans les habitudes de toute sa longue et mesquine existence bureaucratique, une idée vraiment inepte, qui lui paraissait péremptoire en ces minutes terribles :
— Ce soir, voyez-vous, j’ai justement… à dîner… chez moi… mon chef de bureau, M. Piat et sa dame… et aussi mon sous-chef, M. Clinchard… Vous comprenez… Je suis rédacteur… Messieurs, messieurs… Mes enfants… Et ce dîner, messieurs… Mon avancement, voyez-vous… Je fais serment ! Soyez tranquilles ! Oh ! Je vous en supplie !…
Ils le considéraient, brutaux, hésitants. L’homme au cigare, le moins fauve des deux, le remit sur pieds et, sans ménagements d’ailleurs ; le fouilla tout à coup.
Dans le portefeuille, vidé avec promptitude, il saisit des cartes de visite : Achille Bourdure, rédacteur au ministère du Travail, 153, rue Mouffetard.
— C’est comme ça que tu t’appelles ? C’est là que tu habites ?
— Oui, dit M. Bourdure plus mort que vif.
— Ça va. Eh bien ! écoute : on t’aura à l’œil. On retient ton nom et ton adresse. Si tu dis un mot, un seul, on te fait ton affaire. Tu entends ?
M. Bourdure murmura :
— Je jure…