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le carnaval du mystère

par un homme d’équipe. Alors, il aurait pu croire que les trois voyageurs étaient descendus avant lui, et il n’aurait pas semé l’alarme.

Mais tout cela, M. Bourdure se l’expliquait on ne peut plus confusément, abîmé qu’il était au fond de la terreur et du désespoir.

Menaçants, les poings tendus (et quels poings !), les deux complices s’avancèrent sur lui.

Il supplia, bredouilla :

— Je ne dirai rien… Je vous le jure… Faites pas de mal… Père de famille…

Les criminels s’interrogeaient du regard, furieux et inquiets, le sourcil froncé, les traits crispés.

— Qu’est-ce qu’on décide ? dit l’un, d’une voix brève.

Mais le second, un hercule rageur, avait empoigné M. Bourdure par le cou, et le secouait durement, tandis que de pauvres petites mains maigres et blafardes essayaient de le repousser… poliment, mon Dieu ! poliment…

— Pas de gaffes ! Laisse-le. On a du temps devant nous. Faut voir.

Lâché, M. Bourdure se mit à genoux. Il ne savait plus ce qu’il disait.

— Messieurs… Grâce !… Je n’ai jamais menti. Sur l’honneur, je ne dirai rien… On m’attend chez moi… J’ai, voyez-vous, ce soir, justement…

Et il mentit soudain. Il mentit d’une façon