— Oui… Liquidation… Et avec ça, une femme et trois enfants… Alors, j’ai acheté à crédit un appareil de prise de vues… Et voilà… C’est tout simple… Mais toi, mon bon Stern, tu as marché, toi ! La gloire ! La richesse ! Tiens, te retrouver comme ça… Je n’ai pas été à pareille fête depuis mon mariage !
Son sourire avait reparu ; c’était Vigneux maintenant qui s’attristait.
— Oh ! la richesse ! murmura-t-il, si tu crois…
Et soudain :
— Voyons, Schwartz, tu ne gagnes pas de quoi vivre ? Sois franc.
— T’inquiète pas, vieux ; c’est dur, mais, à la rigueur…
— Tu mens, Schwartz !
L’interpellé baissa la tête :
— … Oh ! je puis bien avouer qu’il y a beaucoup de concurrence, et des frais de déplacement… Les frais, moi je reste ici pour les éviter… Comme de juste, ça diminue mes chances… Car il y a aussi la chance… Je ne l’ai pas. Mes films sont toujours quelconques ; ça ne vaut pas cher… Je connais des veinards qui, d’un seul coup, ont gagné la fortune. Un bel accident, un film sensationnel, et ça y est. Moi, jamais.
— Tant mieux, fichtre ! plaisanta mon ami. Tu vas me porter bonheur aujourd’hui, puisque tu es le seul photographe présent, et que jamais…